Amélioration des conditions de travail chez les producteurs fermiers fromagers

Et si on essayait de diminuer la pénibilité dans les fermes ?

Lors de l’Assemblée Générale de 2021, un projet portant sur l’ergonomie et l’amélioration des conditions de travail a été présenté aux adhérents, qui l’ont approuvé à l’unanimité.

Après quelques semaines de montage de dossier et de recherche de financements, le projet est lancé à travers son premier Comité de Pilotage du 16 novembre 2021.

Il ne pourra réussir qu’avec votre mobilisation car la clé de ce projet, c’est en vous et auprès de vous qu’elle se trouve : c’est bien vous qui définirez les thématiques sur lesquelles nous devront travailler, pour que nous construisions avec vous les pistes d’amélioration de vos conditions de vie et de travail !

Quelques infos sur le projet…

Mise en œuvre du projet

Le projet débute en décembre 2021. Il s’articule en 3 phases.

Phase 1 : Etat des lieux et visites terrain

Cette phase court de décembre 2021 à avril/mai 2022. Elle a pour but :

  • d’une part de faire l’état des lieux des travaux réalisés au préalable par les différents acteurs
  • d’autre part d’identifier les besoins des exploitants, de manière directe, à travers :
    • un premier questionnaire général qui permettra de définir de grands axes de travail.
      Ce questionnaire, de 5 à 10 minutes seulement, est disponible ici :

Pénibilités rencontrées sur une exploitation fermière

  • pour ceux qui le souhaitent, un approfondissement du sujet à travers un entretien spécifique avec une ergonome ou un salarié de Casgiu Casanu
    • pour aller plus loin, en fonction du nombre de répondants, de notre capacité à agir sur le terrain, et des problématiques émergentes qui concerneront le plus grand nombre, des visites d’exploitation afin d’étudier avec vous les difficultés rencontrées, de rechercher avec vous des premières solutions pour votre situation, et d’en dégager des pistes d’action plus générales

Phase 2 : Recherche de solutions

A l’issue de ce travail, des ateliers thématiques permettront d’échanger entre bergers concernés par les mêmes problématiques autour des solutions que l’on peut apporter pour les résoudre, en présence si nécessaire d’experts techniques, de fournisseurs d’équipements/de matériels, …

Les partenaires des Comités Techniques seront associés aux différentes réflexions et pourront apporter leurs contributions respectives à la recherche des solutions à mettre en œuvre sur vos exploitations pour répondre à vos problématiques.

Cette phase durera de mai 2022 à l’automne 2022.

Elle sera détaillée au fur et à mesure de l’avancée du projet.

Phase 3 : Capitalisation, transfert et dissémination

C’est à ce moment-là que l’information récoltée et les solutions identifiées seront synthétisées et transférées à l’ensemble des partenaires, y compris aux acteurs de la formation pour tenter d’intégrer les problématiques liées à l’usure, à la pénibilité du travail à la formation des jeunes, à la réflexion sur les plans de bâtiments, au parcours d’installation en général, afin de rendre le travail un peu plus aisé, un peu moins pénible, et un peu plus attractif.

Ces éléments seront également développés au cours de l’avancée du projet.

Nous vous remercions tous par avance du temps que vous prendrez pour nous aider à vous aider à travers ce projet !

Intégrer le schéma de sélection de la brebis corse

Le schéma de sélection de la race ovine Corse a commencé en 1985, la sélection s’effectuant sur la quantité de lait à la traite.

En 1992, les campagnes d’Insémination Artificielle ont débuté.

A partir de 2002 la sélection a également intégré la résistance à la tremblante

Aujourd’hui ce sont environ 17000 brebis qui sont soumises au contrôle laitier au sein de 57 élevages sélectionneurs.

LES ORGANISMES

L’OS Corse, Organisme de sélection de la Brebis Corse gère l’aspect technique et scientifique.

La CORSIA, Coopérative Ovine Régionale de Sélection et d’Insémination Artificielle est quant à elle chargée de la mise en œuvre des différentes prestations à destination des éleveurs :  le centre d’élevage, la vente des béliers, l’insémination artificielle (IA)….

L’OS et la CORSIA travaillent en partenariat avec les techniciens des chambres d‘agriculture qui s’occupent d’effectuer le contrôle laitier ainsi que les IA.

LES BUTS DU SCHÉMA 

  • Le principal : augmenter la production laitière tout en préservant les qualités de notre race (standard de la race, rusticité, bonne adaptation au milieu et aux excès climatiques, facilité à agneler…) ; le gène recherché dans toutes les sélections est le gène qui permet à l’animal à mieux et plus transformer sa ration alimentaire en lait.
  • Augmenter la résistance à la tremblante
  • Améliorer le cornage des béliers
  • Travailler sur la conformation des mamelles
  • Veiller à maintenir voire augmenter le taux de MSU (Matière grasse + matière protéique qui jouent un rôle majeur sur le rendement fromager.

LES OUTILS

Les outils utilisés pour obtenir ce progrès génétique sont :

  • Le contrôle laitier qui permet de suivre la production de chaque brebis
  • Les analyses sur le lait
  • Le testage qui permet d’évaluer les béliers
  • Les inséminations artificielles, qui permettent aux éleveurs de bénéficier des meilleurs reproducteurs ;
  • La diffusion du progrès génétique

Le contrôle laitier

L’éleveur sélectionneur est en Contrôle laitier Officiel, CLO. Le contrôle laitier, mesure du litrage produit par chaque brebis sur une journée, s’effectue mensuellement soit 8 à 9 fois dans l’année

Les éleveurs non sélectionneurs souhaitant un suivi de la production laitière par brebis sur leur troupeau peuvent bénéficier du Contrôle laitier Simplifié (CLS) dans ce cas il a lieu 2 à 3 fois par an et l’IA n’est pas obligatoire.

C’est un début de sélection, l’éleveur pourra ensuite demander à passer en CLO et intégrer le schéma.

Dans tous les cas, le Contrôle laitier permet de lister les bêtes sans rendement donc à réformer en plus de lister la sélection.

Les analyses

La qualité du lait est contrôlée 3 fois par an sur les brebis en première mise bas, sur l’ensemble des cheptels en CLO

Les techniciens conseillent les éleveurs en fonction des résultats.

Par exemple si le taux d’urée est au-dessus de la moyenne, les brebis sont trop alimentées.

Si les brebis ne sont pas suffisamment alimentées la MSU baisse…

Il est erroné de dire que moins la brebis a de lait, plus la MSU est élevée car si la brebis produit peu par manque d’alimentation, elle puise dans son corps pour pouvoir produire et donc la qualité du lait est moindre.

Mais au delà du contrôle et de l’importance d’une alimentation adaptée, désormais la sélection se fera  également sur le critère MSU de sorte qu’augmentation de litrage ne rime pas avec baisse de qualité.

Le testage des béliers 

Les béliers issus des meilleurs pères du centre d’IA et des meilleures brebis au CLO sont utilisés pour pratiquer des IA dans les élevages sélectionneurs. Cela permettra d’avoir des filles identifiées qui seront contrôlées à leur tour. En fonction de la production de ces filles, les béliers seront soit maintenus au centre d’IA (béliers “élite” ou “améliorateur”) pour être utilisés les années suivantes soit réformés.

Ces béliers élites sont ainsi utilisés pour les IA dans les cheptels.

L’Insémination artificielle

L’éleveur sélectionneur établit avec l’aide du technicien une liste de brebis qui seront à inséminées car toutes les brebis ne le seront pas.

Plusieurs critères entrent en jeu, l’âge de la brebis, si elle a été réactive ou non aux campagnes d’inséminations précédentes, si elle n’a pas un défaut que l’éleveur aurait décelé…

 Par son savoir-faire le berger joue un rôle dans la sélection des brebis à inséminer en établissant sa liste.

La diffusion du progrès génétique

Chaque année des agnelles et des béliers sont achetées aux éleveurs sélectionneurs à 35 jours.

Ces bêtes sont élevées au centre d’élevage puis revendues aux éleveurs voulant profiter de leur génétique. Tous les éleveurs peuvent acquérir ces bêtes mais la priorité est donnée au Jeunes agriculteurs et aux sélectionneurs.

(cf ci-joint l’article sur la vente des béliers paru en avril 2014)

Les IA sont également accessibles à des éleveurs hors schéma

LES AVANTAGES POUR L’ÉLEVEUR

Le schéma de sélection est fonctionnel et la brebis corse est très performante. L’éleveur qui l’intègre pourra en tirer de nombreux avantages :

  • En participant à ce travail sur le gain génétique, l’éleveur verra son litrage augmenter et don son revenu
  • La qualité de son lait est contrôlée
  • Un inventaire de son troupeau est régulièrement effectué par les techniciens de la chambre d’agriculture.
  • Pour ceux qui n’ont pas forcément envie de produire plus, ça leur permettrait de garder la même production tout en diminuant le cheptel. L’augmentation de production par brebis permettra une diminution du cheptel et donc une baisse des charges.
Ce tableau montre bien que la génétique couplée à une bonne conduite du troupeau permet d’augmenter le litrage mais aussi le revenu. Même si les charges alimentaires sont légèrement supérieures, la génétique permet d’optimiser la ration alimentaire.

Même si être sélectionneur entraine un surcoût avec notamment l’achet des IA, l’éleveur bénéficiant d’un gain sur la lactation et sur la valeur de son cheptel. Le prix de vente au centre d’élevage d’une agnelle sélectionnée est de 55€ et pour un petit bélier 110€.

 

LES RÉSULTATS

115 litres/ brebis / an de moyenne en 2000 contre 175 litres en 2016 chez les éleveurs au CLO.

En 20 ans plus 70litres !!

Mais plus d’une vingtaine d’élevages sont au dessus de la moyenne, la conduite du troupeau jouant un rôle très important.

Le meilleur résultat est de 278 litre/ brebis !!

 

LES PROJETS

  • Travailler sur la persistance laitière et la longévité de la carrière productive.
  • Améliorer la Diffusion du progrès génétique aux éleveurs hors schéma
  • Agrandir le centre d’élevage ce qui permettrai d’accueillir plus d’agnelles et béliers et satisfaire ainsi la demande.

La Chèvre Corse

D’hier … à aujourd’hui

La reconnaissance de la race de la chèvre corse
Una storia, un sapé fà, una manera di campà

Le 10 juin 2003, la race caprine corse était reconnue par la Commission Nationale d’Amélioration Génétique (CNAG), qui assiste le Ministre de l’Agriculture dans son action d’amélioration du cheptel. Ainsi la filière caprine entrevoit de nouvelles perspectives.

D’HIER

Par son maillage territorial ancestral, l’élevage caprin a eu de tout temps une action de gestion sur l’environnement. La chèvre corse dont la robustesse, l’allure, la diversité des couleurs (cuddarata, ciriata, muvrata…) sont bien spécifiques, est un animal laitier caractérisé par sa rusticité et son aptitude à valoriser les terrains difficiles. «Depuis toujours la chèvre corse a donné son lait, son poil pour les manteaux (u pilonu) et les cordes (a funa), jusqu’à ses cornes pour les couteaux et les instruments de musique (a pifana)».

À AUJOURD’HUI : ENTRE CONTRAINTE ET AVENIR

Cependant en 20 ans, la filière a perdu 40 % de ses effectifs. Les causes de cette désertion sont multiples : pénibilité du travail, vieillissement des éleveurs, isolement et éloignement des centres de distribution.

   RégionEFFECTIFS FEMELLES LAITIERESPRODUCTION LAITIERE
        CHÈVRES Haute-Corse23 00034 565
Corse du sud10 10015 560
Corse33 10050 125


Mais les éleveurs ont pris conscience de leur potentiel (territoire et spécificité des animaux) et la structuration de la filière, autour du groupement régional des éleveurs caprins CAPRA CORSA, a permis la reconnaissance de la race de la chèvre corse. De plus le schéma de gestion génétique, déposé auprès de la CNAG, a reçu un avis favorable.

Ce travail est le fruit de la collaboration entre Capra Corsa, Caprigène France, les Chambres d’agriculture Départementales, l’ODARC, le Laboratoire de recherche sur le Développement de l’Elevage (LRDE), l’INRA de Corte et l’Institut de l’Elevage (IE).
Aujourd’hui le développement de la filière apparaît comme un véritable enjeu économique lié à la remise en valeur de l’agriculture de l’intérieur et plus généralement à l’aménagement du territoire.

LE CABRI : UN ATOUT POUR LA FILIERE

Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de mettre en valeur les produits de la filière et notamment le cabri qui représente entre 20 et 30 % du revenu du chevrier corse. A partir du 20 décembre, une campagne de promotion de la race caprine corse et du cabri sera orchestrée dans tous les lieux de vente en Corse. Cette campagne se poursuivra avec les cabris de Pâques.

LA FILIERE

(Sources Agreste – IPG 2A et 2B 20011-2015 – SAA 2011-2015)

372 éleveurs (Corse)
33 100 chèvres laitières
50 125 hectolitres de lait produit en 2015
74 % des fromages fermiers
AOC Brocciu et 5 types de fromages

UNE CHEVRE CORSE ? C’EST QUOI ?

La chèvre corse est un animal laitier qui se caractérise par sa rusticité, ses facultés d’adaptation à l’environnement corse et son aptitude à valoriser les terrains difficiles.
Son format : la chèvre corse pèse en moyenne entre 35 et 45 kg pour les femelles et entre 45 et 60 kg pour les mâles.
Sa tête est fine avec de petites oreilles (muca, tupina).

Sa couleur : le poil est long ou mi-long, uniforme (roux, fauve, gris ou noir), bariolé de blanc ou panaché.

LA PROCHAINE ETAPE

Il faut poursuivre le développement du système d’élevage extensif accompagné d’un plan régional de prévention et d’actions sanitaires, gestion et entretien des parcours.
Amélioration génétique et sélection de la chèvre corse, le tout suivi d’une étude plus générale sur l’ensemble de la filière.


CE PRODUIT EXCLUSIVEMENT FERMIER A UNE VIANDE DONT LES CARACTÉRISTIQUES RÉSULTENT DES CONDITIONS PARTICULIÈRES D’ALIMENTATION ET D’ÉLEVAGE.U CAPRETTU
LE CABRI CORSE : UN ATOUT POUR LA FILIERE

En Corse, par tradition le cabri naît au mois de novembre. Il est élevé et nourri essentiellement sous la mère 4 à 6 semaines.
L’élevage en zone de montagnes donne au cabri son authenticité et ses qualités.

U CAPRAGHJU

Plat traditionnel de Noël, le cabri possède une finesse et une saveur incomparables. Certaines années, selon la production, il peut être consommé jusqu’à Pâques.

Un métier souvent difficile: entre isolement et contraintes mais dont la passion des hommes qui l’exercent et leur volonté à structurer cette profession, laisse entrevoir de nouvelles perspectives. 

La brebis Corse : laitière, rustique et économe en temps et en intrants

La brebis corse originaire de l’île montagneuse et sèche du même nom, est depuis toujours un pilier de l’économie agropastorale de la Corse. Longtemps repliée sur elle-même, se méfiant de tout temps des invasions barbaresques, la population de la Corse, s’est longtemps cantonnée dans les régions montagneuses de l’île développant une agriculture vivrière basée sur l’élevage extensif des brebis et des chèvres pour la production laitière, avec un système original de double transhumance, l’hiver le long du littoral où la douceur du climat permettait de faire pacager les brebis dans les zones marécageuses infestées par la malaria en été, époque ou les troupeaux transhumaient alors en haute montagne.

A partir de la fin du XIX siècle, l’implantation des industriels laitiers de Roquefort en Corse va bousculer cette économie de subsistance, et faire entrer progressivement les éleveurs de brebis dans l’ère industrielle. A partir de 1950, avec l’assainissement puis la mise en valeur des terres infestées autrefois par la malaria, les élevages ovins vont se sédentariser de plus en plus sur les plaines littorales, et abandonner définitivement la double transhumance, voire même de plus en plus fréquemment la transhumance d’été.

Après avoir  atteint à son apogée 340 000 brebis en 1929, la Corse compte aujourd’hui 80 000  à 90 000 brebis, pour la plupart de race corse, destinées exclusivement à la production laitière et la transformation fromagère.

Du fait de l’insularité, la brebis corse n’a durant des siècles fait l’objet d’aucun croisement avec d’autres races continentales, les quelques essais réalisés au début du XIX siècle s’étant soldés par des échecs cuisants, compte tenu des conditions particulièrement difficiles de l’élevage ovin en Corse. C’est aussi ces conditions particulières qui ont limité le développement des infusions de sang sarde, la race laitière originaire de l’île voisine, qui après avoir pris de l’ampleur au début des années 1970 à quasiment disparu du territoire Corse, suite au développement du schéma de sélection de la brebis corse.

D’ailleurs depuis la parution du décret de l’A.O.C Brocciu en 1998, les conditions de production imposent l’utilisation de brebis de race corse, pour produire et commercialiser ce fromage de lactosérum dans le cadre de l’A.O.C.

Quelques troupeaux de brebis corse se sont constitués récemment sur le continent français (30 à 40 recensés en 2016), utilisés essentiellement par des éleveurs producteurs fermiers, répartis sur l’ensemble du territoire national des Vosges au sud-est.

LA BREBIS CORSE
 

La brebis corse se caractérise par son petit format :

50 à 60 cm

son poids réduit 35 – 40 Kg 

La taille du bélier peut atteindre :

70 cm

son poids de 60 – 70 kg

La brebis a une tête très fine, avec une face longue et un chanfrein plat ou légèrement bombé, avec présence de cornes ou pas. Les oreilles sont petites, implantées bas et portées presque à l’horizontales.

Selon le standard de la race, les béliers sont nécessairement cornés. Les cornes sont larges, enroulées en spirales et rejetées en arrière.

Les membres sont remarquablement fins, et adaptés à de longs déplacements sur des zones difficiles et accidentées.

Le corps est régulier, long, le dos droit, une croupe étroite et un gigot très peu développé.

La plupart des éleveurs conservent la queue longue, tant aux béliers, qu’aux brebis.

La mamelle est développée et conformée en « pis de chèvre » ce qui lui confère une facilité de traite toute particulière, la capacité de traite manuelle est estimée à 100 brebis à l’heure pour un bon trayeur.

La laine est jareuse, et recouvre en longue mèche la totalité du corps de l’animal, ce qui permet aux troupeaux de rester en plein air toute l’année.

Enfin, le signe distinctif majeur de la brebis corse, est le fait que la couleur de la toison n’est pas fixée, et que l’on trouve des toisons noires, rousses, blanches et grises, et toute la palette de ces couleurs mélangées entre elles.

La brebis corse est donc bien un animal totalement façonné par son milieu, frugal, plastique, capable de faire rebondir sa production laitière après une période de disette alimentaire, dès que les conditions s’améliorent, milieu particulièrement difficile qui lui a conféré toutes ses qualités de production ainsi que sa rusticité particulière.

FONCTIONNEMENT DES ÉLEVAGES
 

Les 90 000 brebis de corse sont détenues aujourd’hui par moins de 380  éleveurs répartis sur l’ensemble de l’île, dont la moyenne d’âge est relativement élevée, compte tenu du faible taux d’installation de jeunes agriculteurs.

La typologie des élevages est très variée, puisque l’on trouve essentiellement en Corse du sud des élevages fermiers qui possèdent 100 à 150 brebis qui transforment et commercialisent la totalité de la production, alors qu’en Haute Corse, les élevages sont plutôt des livreurs, avec en moyenne 250 à 350 brebis. Mais on trouve aussi plusieurs élevages très importants avec 800 à 1000 brebis, voire parfois plus, la plupart de ces gros élevages étant concentrés sur la plaine orientale, région qui concentre aussi les laiteries, puisque sur les 16 laiteries qui collectent les 8 millions de litres collectés, 12 sont situées dans cette même zone géographique.

La constante de l’élevage des brebis en Corse est le recours systématique au pâturage durant toute l’année. Ensuite, suivant la situation de chaque éleveur, la présence d’une bergerie ou non, les animaux sont plus ou moins complémentés en foin durant l’hiver et parfois aussi durant la période sèche, la complémentation en concentré ayant lieu sur la machine à traire. L’alimentation des troupeaux est encore relativement traditionnelle, et reste encore souvent liée aux conditions climatiques (précocité des pluies d’automne, hiver doux ou rigoureux,…) ce qui explique encore qu’aujourd’hui de nombreux troupeaux sont très loin d’optimiser leurs capacités de production laitière, et que les marges de progrès liées à l’amélioration des systèmes alimentaires sont très importantes.

Les mises bas des brebis adultes ont lieu de septembre à novembre, et les antenaises de janvier à mars à l’âge de 15-16 mois. La race est très peu prolifique 1.10 % en lutte naturelle, mais compte tenu du mode d’élevage en plein air, y compris au moment des mises bas, une prolificité excessive n’est pas du tout recherchée par les éleveurs. Par contre les résultats de fertilité sont excellents : 96 % pour les brebis adultes et 78 % pour les antenaises.

Les agneaux sont élevés sous les mères jusqu’à un mois, âge auquel ils sont abattus  au poids vif de 8-10 Kg La commercialisation des agneaux est encore très peu organisée, et la majorité des agneaux sont vendus en vifs à des abatteurs sardes.

Les agnelles de renouvellement, sont sevrées soit à 35 jours ou plus traditionnellement à 2 mois.

Les brebis sont ensuite mises à la traite, jusqu’à la fin du mois de juin, période à laquelle elles sont taries.

ORGANISATION DU SCHÉMA DE SÉLECTION
 

L’Organisme de Sélection de la race ovine Corse gère le schéma de sélection de la race ovine corse. L’objectif de sélection de la race est depuis la création du schéma en 1985, la quantité de lait trait, auquel est venue s’ajouter la résistance à la tremblante depuis 2002

Le taux de MSU de la brebis corse naturellement élevé avec 131 g/l (74 g/l de MG et 57 g/l de MP) n’a pas justifié jusqu’alors la mise en place de contrôle laitier qualitatif.

Le schéma regroupait en 2016 :

57 éleveurs

17014 brebis qui sont suivies dans le cadre du contrôle laitier officiel (réalisés par les services des Chambres d’Agriculture insulaires).

Chaque année, 1200 accouplements raisonnés sont réalisés pour la production de béliers reproducteurs,  sur le total des 7000 inséminations faites sur les élevages du schéma. Ceci permet de rentrer 300 béliers issus de ces accouplements en centre d’élevage dont 25 à 30 sont  mis en testage ensuite chaque année, le reste étant vendu aux éleveurs.

Le centre d’élevage et le centre d’insémination sont gérés par la coopérative CORSIA crée en 1999, qui élève aussi des agnelles de sélection issues des élevages sélectionneurs. Cette action s’est vue confortée à partir de l’année 2001, au cours  de  laquelle l’épidémie de fièvre catarrhale a entraîné la mort de 15 % des brebis de l’île. Face à ce fléau, les autorités publiques ont demandé à la CORSIA de palier au remplacement des troupeaux décimés par l’épidémie, ce qui fut fait avec l’élevage et la vente de 5600 agnelles durant les trois années qui suivirent

La mise en place d’un schéma sur descendance à permis de faire progresser la production de 114 litres en 1995 à 175 litres en moyenne pour les brebis adultes en 2016, mais dans le cadre du schéma plusieurs élevages où la production laitière est optimisée par une alimentation adaptée, atteignent des productions largement supérieures à  200 litres par brebis adultes et par an, voire 280 litres pour le meilleur élevage.

Mais outre ses qualités laitières, ce qui caractérise aussi la brebis corse, c’est la persistance de sa production laitière, qui reste relativement stable du début à la fin de la lactation, sans pic important de début de traite comme les autres brebis laitières, ce qui permet une production journalière relativement constante tout au long de l’année, ceci représentant un atout indéniable pour les transformateurs, qu’ils soient fermiers ou industriels. Ce caractère propre à la race corse va faire l’objet d’une sélection dans les prochaines années.

Un autre atout de la race ovine corse, est son aptitude à la monotraite qui se développe en Corse et sur le continent depuis quelques années, et qui permet notamment aux éleveurs producteurs de fromage de se limiter à une traite par jour, souvent celle du matin.

Une expérimentation menée en 2010 et 2011 sur la station expérimentale d’Altiani, a permis de vérifier de manière scientifique que la perte de production laitière entre un troupeau trait en monotraite n’excédait pas 6 à 9 % par rapport au même troupeau soumis à une traite biquotidienne.

Enfin la longévité de la brebis corse se doit d’être soulignée, en effet la carrière productive des brebis corse est bien plus longue que celle des races laitières continentales, et il est très fréquent de trouver dans les élevages des brebis de 8 à 10 ans toujours à l’optimum de leur capacité de production laitière.

LA BREBIS CORSE : LAITIÈRE, RUSTIQUE, ÉCONOME EN TEMPS ET EN INTRANTS

En conclusion, la brebis corse outre son originalité phénotypique, est aussi et surtout un animal économiquement intéressant compte tenu de sa capacité de production laitière, ramenée à son poids vif et donc à sa consommation alimentaire  (100 Kg d’aliment et 100 kg de foin par an selon les chiffres de l’Institut de l’Elevage), de sa capacité à produire durant de nombreuses années, et cela dans des conditions souvent très difficiles où sa plasticité permet de compenser les à-coups alimentaires.

C’est aussi une brebis « socialement » intéressante  de par son aptitude à la monotraite, qui devrait permettre aux jeunes générations de se libérer en partie de l’astreinte d’une traite biquotidienne, et par ses qualités maternelles qui limitent les interventions humaines au moment des mises bas.

CONTACT : 

OS CORSE / CORSIA

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